La diarrhée n’est pas seulement assez fréquente chez les patients atteints de cancer, elle peut aussi être assez dangereuse. La diarrhée elle-même n’est pas une maladie. Il s’agit plutôt d’un ensemble de symptômes comprenant des selles molles et aqueuses et parfois des douleurs abdominales associées à plusieurs causes sous-jacentes, notamment une infection, le stress ou une réaction à des agents médicamenteux. Non traitée, elle pourrait entraîner des lésions intestinales, une déshydratation et une perte d’électrolytes importants.
Les cancers qui déclenchent couramment la diarrhée comprennent un large éventail de tumeurs qui produisent certaines hormones, lesquelles stimulent à leur tour la sécrétion d’eau par le côlon. Il s’agit notamment des tumeurs neuroendocrines qui proviennent généralement du tractus gastro-intestinal, mais dans de rares cas, la diarrhée peut être produite par d’autres types de cancer. Certains types de chimiothérapie provoquent souvent des diarrhées, en particulier certains régimes médicamenteux, tels que ceux contenant des fluoropyrimidines (5-FU ou Xeloda) ou du Camptosar (irinotécan). La radiothérapie de l’abdomen, de la région lombaire, des ganglions lymphatiques para-aortiques ou du bassin, ainsi que les interventions chirurgicales touchant le système gastro-intestinal provoquent aussi souvent des diarrhées. Les antibiotiques peuvent également modifier la composition des bactéries normales dans l’intestin, entraînant des infections qui peuvent provoquer des crampes et des diarrhées. Les patients qui ont subi des interventions chirurgicales qui diminuent la production d’enzymes gastriques et pancréatiques qui digèrent les aliments peuvent être confrontés à des bactéries chroniques, ce qui peut provoquer des diarrhées.
Par le biais de ses critères de terminologie commune pour les événements indésirables, l’Institut national du cancer classe la gravité de la diarrhée selon une échelle de toxicité, allant de relativement modérée (grade 1) à menaçant le pronostic vital ou invalidant (grade 4). Le grade 1 implique généralement quelques selles supplémentaires par jour, lâches et non formées. Troublante, oui, et certainement incommodante, mais la diarrhée de grade 4 – avec plus de 10 selles par jour, du sang dans les selles et des crampes douloureuses – peut nécessiter une hospitalisation, voire des soins intensifs.
Certains aliments et boissons peuvent favoriser la diarrhée car ils peuvent irriter le système digestif. Il s’agit notamment du lait, des aliments épicés ou gras, de certains jus et fruits et de la caféine. Les médecins recommandent de commencer par un régime BRAT (bananes, riz, pommes et pain blanc grillé) ou ABC (pommes, bananes et céréales).
Boire des liquides clairs est également essentiel pour remplacer les liquides perdus par les selles. Les recommandations du NCI incluent l’eau, le bouillon clair, certains jus (canneberge et raisin), le thé décaféiné et les boissons de réhydratation orale comme Pedialyte. Il existe également des preuves que certains probiotiques peuvent aider.
Certains types de traitements contre le cancer sont plus susceptibles de provoquer de la diarrhée que d’autres, de sorte que les patients et les membres de leurs équipes médicales devraient discuter de la possibilité que leur état de santé ou son traitement puisse entraîner de la diarrhée.
Pour les patients atteints de cancer, la diarrhée est parfois assez grave pour nécessiter de retarder ou même d’interrompre le traitement, ce qui peut avoir des conséquences graves. Il est important que les patients appellent leur médecin dès les premiers signes de diarrhée, en particulier lorsqu’ils prennent le Xeloda, une chimiothérapie orale qui provoque la diarrhée, car des instructions pour arrêter ou réduire le traitement peuvent être données. Lorsque les changements de régime alimentaire ne suffisent pas à gérer la diarrhée, des médicaments en vente libre ou sur ordonnance peuvent aider. Ceux-ci doivent être discutés avec une équipe médicale, mais peuvent inclure des produits en vente libre comme Imodium (lopéramide) ou le subsalicylate de bismuth (ingrédient actif de Pepto- Bismol et Kaopectate) ; ou des médicaments sur ordonnance comme Lomotil (sulfate de diphénoxylate-atropine) ou même la codéine et d’autres opioïdes. Pour certains régimes de chimiothérapie, des mesures préventives sont prescrites avant même l’apparition de la diarrhée. Les patients pourraient parfois avoir besoin d’être admis à l’hôpital en cas de déshydratation ou de signes de lésions et d’inflammations intestinales importantes (colite).