Hypothèse du contact

BIBLIOGRAPHIE

L’hypothèse du contact soutient que le contact entre les membres de groupes différents tend à réduire les attitudes négatives entre groupes, quelles qu’elles soient. Plus le contact est important, moins l’antipathie est grande. Cette idée est un élément crucial de la théorie plus large selon laquelle l’antagonisme ethnique (tel qu’il se manifeste dans les préjugés, la discrimination et les stéréotypes) a des causes psychologiques (perception erronée et projection) plutôt que des causes sociales ou économiques (conflits d’intérêts).

Cette hypothèse remonte loin dans le passé, mais c’est Gordon W. Allport qui lui a donné sa forme contemporaine dans The Nature of Prejudice (1954). Il a énuméré un grand nombre de variables susceptibles de modifier les effets des différences quantitatives de contact. Au début du vingt-et-unième siècle, ces variables sont généralement réduites à trois ou quatre conditions essentielles pour que le contact entre les groupes réduise les préjugés : l’égalité de statut entre les individus en contact, des objectifs communs et une interdépendance coopérative pour les atteindre, et le soutien des autorités sociales et institutionnelles pour un contact à statut égal. Sous cette forme qualifiée, l’hypothèse a figuré en bonne place dans les discussions sur la déségrégation raciale aux États-Unis.

En tant que conjecture sur les effets du contact personnel sur les attitudes individuelles, l’hypothèse est facile à tester, et les résultats de plusieurs centaines d’études publiées sont relativement faciles à résumer. Indépendamment du fait que les conditions supposées nécessaires à des résultats favorables aient été satisfaites, un contact plus important est presque toujours associé, plus ou moins fortement, à de tels résultats (moins de préjugés et une plus grande acceptation).

Des difficultés apparaissent lorsque ces résultats sont étendus des individus aux groupes. Il semble évident que si une augmentation des contacts améliore les attitudes des individus, elle doit faire de même pour les relations entre les groupes, même si ce n’est qu’un peu. Néanmoins, l’observation occasionnelle et les études approfondies suggèrent qu’il peut y avoir de fortes corrélations positives au niveau du groupe entre les contacts personnels et les attitudes négatives. Les comparaisons d’États ou de comtés américains sur les contacts entre Noirs et Blancs et sur les préjugés et la discrimination raciale fournissent les illustrations les plus claires de cette relation.

Les qualifications d’Allport visaient à traiter ce problème. Si le contact réduit les préjugés, comment se peut-il qu’il y en ait plus dans le Sud (du moins dans les années 1950) que dans le Nord ou l’Ouest ? Dans des conditions favorables, raisonnait-il, plus de contact signifie moins de préjugés, mais dans des conditions défavorables (comme dans le Sud), le contact augmente les préjugés. Comme nous l’avons indiqué plus haut, les recherches menées au niveau individuel n’ont pas confirmé ce point de vue. Le contact réduit généralement les préjugés, quelle que soit la situation.

Une autre approche part de l’hypothèse que différents processus peuvent prévaloir au niveau individuel et au niveau du groupe. Comme l’a montré H. D. Forbes dans Ethnic Conflict (1997), les corrélations apparemment contradictoires peuvent être expliquées par une théorie qui distingue des niveaux d’analyse plutôt que des situations ou des conditions de contact. Lorsque l’on ne compare que des individus, la corrélation standard apparaît, mais lorsque l’on fait la moyenne de tous les individus d’une zone et qu’on les compare à tous les individus d’une autre zone de plus ou moins grand contact, en général, la relation s’inverse. Cette approche est compatible avec l’hypothèse du contact en tant que généralisation sur les individus, mais elle la prive d’une grande partie de sa signification plus large pour la théorie sociale et la politique publique. Il n’est donc pas surprenant que des examens récents de la littérature pertinente montrent encore une allégeance pratiquement intacte à la formulation classique d’Allport, malgré ses lacunes empiriques.

Voir aussi Discrimination ; Race ; Racisme ; Ségrégation

BIBLIOGRAPHIE

Allport, Gordon W. 1954. La nature des préjugés. Reading, MA : Addison-Wesley.

Brewer, Marilynn B., et Samuel L. Gaertner. 2001. Vers une réduction des préjugés : Intergroup Contact and Social Categorization. Dans Blackwell Handbook of Social Psychology : Intergroup Processes, ed. Rupert Brown et Samuel L. Gaertner. Oxford : Blackwell.

Forbes, H. D. 1997. Ethnic Conflict : Commerce, culture, et l’hypothèse du contact. New Haven, CT : Yale University Press.

H. D. Forbes

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