‘Bristol’ est le premier album solo du coproducteur de Nouvelle Vague, Marc Collin. Alors que Nouvelle Vague s’est fait connaître en reprenant des chansons des époques punk, post-punk et new wave, le disque solo de Collin s’inspire d’un mouvement qui a émergé quelques années plus tard : le trip hop.
Le ‘Trip hop’, en tant que nom de genre, a fait l’objet de beaucoup de mépris, brandi comme un exemple parfait de la raison pour laquelle les journalistes musicaux ne devraient jamais être autorisés à inventer des noms de genre – mais on ne peut pas nier la musique. Le terme a été utilisé pour décrire un groupe d’artistes qui ont émergé à Bristol et dans les environs pendant les années post-acid house des années 1990, qui partageaient des points de référence similaires (dub, breakbeat, ambient, soul, jazz, funk, hip hop et autres styles de sound system noirs) et des qualités formelles similaires, et qui allaient avoir une énorme influence sur le son de la musique populaire au cours des années suivantes.
Les 14 titres qui composent ‘Bristol’ de Collin sont tous inspirés de la musique de l’ère du trip hop et retravaillés dans un style de musique de film des années 1960, injectant un peu de chic parisien dans le West Country. Des réinterprétations de chansons de Portishead, Tricky et Massive Attack figurent toutes sur l’album, chantées par un éventail de chanteurs français.
Suite à la sortie de cet album, Collins a compilé une introduction à l’esthétique trip hop, avec des originaux clés (comme Tricky) et des artistes influencés par ce son (comme Goldfrapp), ainsi que des groupes moins connus (comme les pairs de Massive Attack Alpha).
01. Tricky Overcome
Marc Collin : « De l’un des artistes majeurs de la scène trip hop. Je me souviens que la première fois que je l’ai écouté, c’était, étrangement, à travers une chaîne de télévision française. Je n’avais jamais rien entendu de tel auparavant – le son du beat (surtout les toms) et la construction du morceau sont incroyables. Je ne sais toujours pas ce qui vient des échantillons et ce qui est réellement joué ! C’était vraiment l’avenir en 95. »
02. Portishead Numb
Marc Collin : » Pour moi, Massive Attack a inventé le genre et sont les rois, mais avec Portishead, Geoff Barrow a poussé le son encore plus loin – sa touche sur la production est incroyable. Avec Ian Utley et Beth Gibbons, c’était un vrai groupe, qui enregistrait de vraies guitares et batteries et les mélangeait avec des samples de bandes originales de films noirs des années 60. La première fois que j’ai entendu Numb, j’en ai presque tremblé, car le son de la batterie était tout ce que je voulais entendre ! Je les ai vus l’été dernier, et c’était encore mieux que leur concert des années 90. »
03. Goldfrapp Utopia
Marc Collin : « Comme avec Porishead, Goldfrapp – avec leur premier album quelques années plus tard – faisait exactement la musique que je voulais entendre. Il semble que je n’étais pas le seul à ressentir cela. De superbes compositions, des voix étonnantes et une production étrange mêlant synthés, vraies cordes, boucles de batterie, etc. Grande référence à Ennio Morricone. Peut-être le meilleur groupe de la fin de l’ère du trip hop. »
04. Emiliana Torrini Dead Things
Marc Collin : « Emiliana Torrini n’était pas vraiment une artiste de trip hop, mais comme beaucoup d’artistes des années 90, on peut entendre dans ce morceau qu’elle était très influencée par les sons de Bristol. La façon dont elle chante, la production des beats, la mélancolie – tout sonne trip hop là-bas. »
05. Alpha Sometime Later
Marc Collin : « Alpha était signé sur le label de Massive Attack, Melancolik ; c’est probablement comme ça que je les ai découverts. Entièrement basée autour d’un échantillon de Lee Hazlewood, cette chanson est l’essence même du trip hop : une mélancolie profonde, des accords de vibraphone hypnotiques, un rythme de pinceau subtil, des cordes et une grande performance vocale. Malheureusement, il semble que sans l’aide d’un excellent échantillon, le groupe ne pourrait pas atteindre ce niveau par la suite. »
06. Nicolette No Government
Marc Collin : « Je ne sais pas si c’est vraiment du trip hop, mais quand c’est sorti sur le label Shut Up And Dance dans les années 90, c’était pour moi ! Du trip hop minimaliste, disons. Une boucle de drum’n’bass (future drum’n’bass ?) et une voix incroyable, jazzy, genre Billie Holiday. »
07. Perry Blake An Ordinary Day
Marc Collin : « Le son principal du trip hop était le mélange de rythmes houblonnés avec des arrangements de cordes mélancoliques. C’est devenu une sorte de recette facile, mais qui a presque toujours fonctionné, surtout avec un grand auteur-compositeur-interprète comme Perry Blake. »
08. Jay Jay Johanson It Hurts Me So
Marc Collin : « Avec un excellent échantillon de la partition de Francis Lai pour A Man And A Woman, nous avons ici du trip hop de Stocholm. J’ai entendu dire qu’un des musiciens du groupe de Jay Jay Johanson avait enregistré à Bristol au début des années 90 et avait suggéré à Jay Jay d’aller dans cette direction. Pour sûr, le son du trip hop fonctionne très bien avec le style crooner de Jay Jay et les chanteurs de jazz en général. »
09. Massive Attack Angel
Marc Collin : « Un véritable chef-d’œuvre. Massive Attack a poussé plus loin le son de groupes post-punk comme PiL, et a en quelque sorte ajouté une sorte de violence et de froideur à leur son dub-soul, en mélangeant les lignes de basse et les voix du dub avec des guitares post-punk et des traitements au synthétiseur. »
10. Ollano Latitudes
Marc Collin : « Mon groupe pendant les années 90 ! Nous étions très influencés par le trip hop, mais avec un côté français et bossa nova qui a conduit à la Nouvelle Vague quelques années plus tard. Nous avons utilisé un échantillon de The End Of A Love Affair de Julie London, dont Capitol a nié être le propriétaire ! Julie est ma chanteuse préférée. »
Kwaidan Records a sorti ‘Bristol’ le 13 avril 2015 (achat).