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Sinusite ethmoïdale chronique.

Sixante-huit isolats ont été récupérés chez 17 patients (une moyenne de 4,0 isolats/patient) ; ceux-ci comprenaient 27 isolats aérobies et facultatifs (1,6 isolat/spécimen) et 41 isolats anaérobies (2,4 isolats/spécimen). Le nombre d’isolats variait de deux à cinq. Des aérobies seulement ont été retrouvés dans deux cas (12 %), des anaérobies seulement dans sept cas (41 %) et des aérobies et anaérobies mixtes dans huit cas (47 %). Les aérobies prédominants étaient les bacilles gram-négatifs et Staphylococcus aureus (Tableau (Tableau1).1). Les anaérobies prédominants étaient les bacilles gram-négatifs (y compris Prevotella et Porphyromonas pigmentés et Bacteroides spp.), Peptostreptococcus spp. et Fusobacterium spp. Vingt-neuf BLPB ont été retrouvées chez 20 patients (47%). Des BLPB ont été récupérés chez 11 des 16 individus (69 %) ayant reçu des bêta-lactamines, contre 9 des 27 (33 %) ayant reçu d’autres antibiotiques ou aucun traitement (P < 0,001).

Une odeur nauséabonde a été notée avec 16 isolats, dont ceux de 12 patients atteints de sinusite chronique (6 étaient mucopurulents et 4 étaient opaques) et de 4 patients atteints de sinusite aiguë (2 étaient mucopurulents et 2 étaient opaques). Des anaérobies ont été récupérés dans 11 des 12 spécimens obtenus à partir de sinus infectés de façon chronique et dans 2 des 4 sinus infectés de façon aiguë qui ont produit une odeur nauséabonde.

Les problèmes médicaux concomitants comprenaient l’hypertension (7 cas), l’asthme (5 cas), le diabète (4 cas), les stéroïdes oraux (4 cas), les tumeurs malignes (3 cas) et les traumatismes crâniens (2 cas). Aucune corrélation n’a été trouvée entre ces conditions et les résultats microbiologiques.

Des organismes similaires à ceux récupérés dans les sinus ont été trouvés dans le sang dans six cas. Il s’agissait de S. aureus (deux dans les cas de sinusite aiguë) et Klebsiella pneumoniae (un dans un cas de sinusite aiguë) et de streptocoques microaérophiles, Fusobacterium nucleatum et Prevotella intermedia (un chacun dans les cas de sinusite chronique).

Cette étude démontre les caractéristiques microbiologiques de la sinusite ethmoïdale aiguë et chronique. S. pneumoniae et H. influenzae prédominent dans la sinusite ethmoïdale aiguë, comme dans la sinusite maxillaire aiguë. Comme cela a été décrit dans trois études précédentes (1, 9, 13) et contrairement à un autre rapport (6), cette étude a montré que S. aureus ne prédomine pas dans les cas de sinusite ethmoïdale chronique. Nous avons confirmé les observations précédentes (1, 6, 9, 13) selon lesquelles des bacilles gram-négatifs aérobies peuvent être récupérés dans les isolats de patients atteints de sinusite ethmoïdale chronique. Les cultures fongiques n’ont cependant pas été obtenues dans cette étude.

Nous avons constaté que la sinusite ethmoïdale chronique implique plus d’organismes par spécimen que l’infection aiguë et que les isolats les plus courants dans l’infection chronique étaient des anaérobies oropharyngés. Le taux élevé de récupération des anaérobies en cas de sinusite ethmoïdale chronique est similaire à celui observé en cas de sinusite maxillaire chronique (3, 8, 11). L’échec de la récupération des anaérobies dans d’autres études (6, 9, 13) peut être dû à l’absence d’utilisation de méthodes adéquates de collecte et de transport des échantillons.

L’implication fréquente des anaérobies dans la sinusite chronique peut être liée au mauvais drainage et à l’augmentation de la pression intranasale qui se développe pendant l’inflammation (7). Cela peut diminuer le flux sanguin muqueux (2) et déprimer l’action ciliaire (5), réduisant ainsi la tension d’oxygène intrasinusienne (4). L’abaissement de la teneur en oxygène et du pH favorise la croissance des anaérobies (5).

Des BLPB ont été isolés chez 20 des 43 patients (47 %). Ces organismes ont été récupérés plus souvent chez les personnes qui ont reçu des bêta-lactamines que chez celles qui ont reçu d’autres antibiotiques ou aucun traitement.

La prise en charge de la sinusite ethmoïdale implique l’utilisation d’antimicrobiens adéquats. L’amoxicilline est souvent utilisée pour le traitement de la sinusite. L’ajout d’un inhibiteur de la bêta-lactamase à l’amoxicilline ou l’utilisation d’antimicrobiens résistants à la bêta-lactamase est efficace contre les BLPB aérobies et anaérobies. La résistance accrue de S. pneumoniae à la pénicilline nécessite une augmentation de la quantité d’amoxicilline administrée (90 mg/kg de poids corporel/jour pour les enfants et 4,0 g/jour pour les adultes).

Les agents efficaces contre les pathogènes récupérés dans les sinusites ethmoïdales aiguës comprennent plusieurs des céphalosporines (céfuroxime axétil, cefprozil, cefdinir et cefpodoxime) qui sont actives contre les Haemophilus et Moraxella spp. résistants à la pénicilline et les S. pneumoniae semi-résistants à la pénicilline. Les quinolones  » plus récentes  » (par exemple, la gatifloxacine et la moxifloxacine) et la télithromycine (un cétolide) sont efficaces contre les S. pneumoniae résistants à la pénicilline et aux macrolides ainsi que contre les Haemophilus et les Moraxella spp.

Les antimicrobiens utilisés pour la sinusite ethmoïdale chronique doivent être efficaces contre les BLPB aérobies et anaérobies. Il s’agit notamment de la clindamycine, du métronidazole associé à un macrolide, d’une pénicilline associée à un inhibiteur de la bêta-lactamase et de certaines des « nouvelles » quinolones (par exemple, la moxifloxacine). Si des organismes aérobies à Gram négatif sont en cause, on utilise également un aminoglycoside, une céphalosporine à spectre élargi (céfépime ou ceftazidime) ou une fluoroquinolone (uniquement pour les patients post-pubères). La céfoxitine, le céfotétan et les carbapénèmes assurent une couverture à la fois des aérobies et des anaérobies.

Des études prospectives sont justifiées pour élucider les rôles des bactéries aérobies et anaérobies, des champignons et des mycobactéries atypiques dans les sinusites ethmoïdales aiguës et chroniques. Il est toutefois recommandé de procéder systématiquement à la mise en culture des échantillons à la recherche de ces organismes afin d’instaurer un traitement antimicrobien approprié.

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