1960 : Une vague d’indépendance déferle sur l’Afrique

Les événements de 1960 – avec tant de nations dont beaucoup accèdent à l’indépendance en peu de temps – sont en partie le résultat d’un long processus consécutif aux tumultes de la Seconde Guerre mondiale.

Dans l’après-guerre, les Africains impliqués dans les mouvements indépendantistes font pression sur les puissances colonisatrices, leur rappelant les promesses qu’elles avaient faites pour s’assurer du soutien africain à l’effort de guerre. Les Européens, poussés par les États-Unis, ont finalement été contraints de se défaire de leurs colonies.

S’exprimant dans la capitale congolaise Brazzaville en 1944, le général Charles de Gaulle a suggéré que le moment était venu pour la France de suivre « la voie d’une ère nouvelle ». Deux ans plus tard, l’empire colonial français est remplacé par l’Union française, qui devient à son tour la Communauté française en 1958.

Dans une succession rapide, le Maroc, la Tunisie, le Soudan, le Ghana et la Guinée obtiennent leur indépendance, tandis que les troubles en Algérie continuent d’épuiser les Français et de nuire à la réputation de la France.

Cameroun – 1er janvier 1960. Ancienne colonie allemande partagée entre la France et le Royaume-Uni en 1918, le Cameroun acquiert son indépendance grâce à des mouvements armés. Moins d’un an après l’annonce par les Nations unies de la fin du contrôle français, le Cameroun français proclame son indépendance. Un an plus tard, la partie sud du pays, sous contrôle britannique, fusionne avec le nord. Le 5 mai 1960, Ahmadou Ahidjo est élu premier président du pays.

Togo – 27 avril. Ancienne colonie allemande, le Togo passe ensuite sous mandat français et britannique au lendemain de la Première Guerre mondiale. La partie du pays administrée par les Français détient le statut de « territoire associé » de l’Union française créée en 1946. Le pays est devenu une république autonome – bien qu’au sein de l’Union française – par référendum en 1956. En février 1958, la victoire du Comité d’unité togolaise, un mouvement nationaliste, aux élections législatives ouvre la voie à l’indépendance totale. Sylvanus Olympio, élu premier président de la nouvelle république, est ensuite tué lors d’un coup d’État en janvier 1963.

Madagascar – 26 juin. Territoire français d’outre-mer à partir de 1946, l’île est proclamée État autonome au sein de la Communauté française, association d’anciennes colonies françaises principalement africaines, en 1958. En 1960, le président Philibert Tsiranana réussit à convaincre le général de Gaulle d’accorder la souveraineté totale à Madagascar et devient ainsi le premier président de la république.

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République démocratique du Congo – 30 juin. En janvier 1959, sous la direction de Patrice Lumumba, des émeutes éclatent à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), dans ce qui s’appelait alors le Congo belge. Les autorités belges convoquent les dirigeants congolais à Bruxelles et décident de se retirer du pays, craignant une guerre d’indépendance similaire à celle qui ravageait l’Algérie à l’époque. Rebaptisée Zaïre en 1971 sous l’ancien dirigeant Mobutu Sese Seko, la République démocratique du Congo reprend son ancien nom lorsque Mobutu est déposé par Laurent Kabila en 1997.

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Somalie – 1er juillet. Ancienne colonie italienne, la Somalie a fusionné avec l’ancien protectorat britannique du Somaliland le jour de son indépendance en 1960 pour former la République somalienne. Le Somaliland avait lui-même acquis sa pleine souveraineté cinq jours plus tôt. L’objectif était de reconstituer la « Grande Somalie » de l’époque précoloniale, qui avait englobé le Kenya, l’Éthiopie et la future nation de Djibouti, alors sous contrôle français.

Bénin – 1er août. Un référendum du 28 septembre 1958, proposant un projet de Communauté franco-africaine, ouvre la voie à l’indépendance de ce qui était alors le Dahomey deux ans plus tard, lorsque le pouvoir est transféré au président Hubert Maga. Le pays, rebaptisé Bénin en 1975, a connu une histoire politique tumultueuse ces dernières années, les critiques affirmant que les dirigeants actuels sapent les traditions démocratiques du pays.

Niger – 3 août. Le Niger faisait l’objet de l’intérêt colonial français depuis 1899, malgré une résistance farouche de la population locale. Un référendum en 1958 a propulsé le premier président du pays, Hamani Diori, au pouvoir et la République du Niger a été proclamée pour la première fois le 18 décembre de la même année. L’indépendance est officiellement déclarée le 3 août 1960. Diori est ensuite renversé par un coup d’État en 1974.

Burkina Faso – 5 août. Protectorat français, la République de Haute-Volta est proclamée le 11 décembre 1958, mais reste rattachée à la Communauté française avant d’accéder à l’indépendance totale le 5 août 1960. Le pays prend le nom de Burkina Faso en 1984 sous la présidence de Thomas Sankara, assassiné en 1987.

Le président ivoirien Felix Houphouet Boigny (R) et le président sénégalais Léopold Sedar Senghor défilent dans la voiture officielle, le 10 août 1961 à Abidjan, lors du premier anniversaire de la fête de l'Indépendance.
Le président ivoirien Félix Houphouet Boigny (R) et le président sénégalais Léopold Sedar Senghor défilent dans la voiture officielle, le 10 août 1961 à Abidjan, lors du premier anniversaire de la fête de l’Indépendance. © AFP

Côte d’Ivoire – 7 août. À la suite d’un référendum organisé en 1958, la Côte d’Ivoire devient une république autonome. Deux ans plus tard, en juin 1960, le pro-français Félix Houphouët-Boigny proclame l’indépendance du pays mais maintient des liens étroits entre Abidjan et Paris. La Côte d’Ivoire devient par la suite l’une des nations ouest-africaines les plus prospères.

Tchad – 11 août. Deux ans après être devenu une république, le Tchad a gagné son indépendance le 11 août 1960. Le Premier ministre de l’époque, François Tombalbaye, devient le premier président d’un pays qui se détériore rapidement en une guerre civile entre le nord musulman et le sud à majorité chrétienne.

République centrafricaine – 13 août. Sous contrôle français depuis 1905, l’Oubangui-Chari devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958. Barthélémy Boganda, héros national, panafricaniste engagé et anticolonialiste, préside pendant deux ans l’Afrique équatoriale française (une fédération regroupant les territoires coloniaux du Tchad, du Congo-Brazzaville et du Gabon) et œuvre à l’émancipation des Africains. Mais Boganda meurt dans un accident d’avion en mars 1959 et lorsque l’indépendance est proclamée en 1960, c’est un proche, David Dacko, qui devient président.

La République du Congo – 15 août. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des Congolais votent pour l’adhésion à la Communauté française lors d’un référendum en 1958 qui fait également du pays une république autonome. L’année suivante, des violences éclatent à Brazzaville, déclenchant une intervention militaire française. Le 15 août 1960, le Congo accède à l’indépendance totale, Fulbert Youlou assurant la présidence jusqu’en 1963.

Gabon – 17 août. Critiqué par les partis d’opposition pour son caractère anti-indépendantiste, le Premier ministre Léon M’Ba proclame néanmoins l’indépendance du Gabon le 17 août 1960. Il aurait préféré que le Gabon devienne un département français mais a dû reculer devant le refus du général de Gaulle.

Sénégal et Mali – 20 août et 22 septembre. Les républiques indépendantes du Sénégal et du Mali sont nées des cendres de l’éphémère Fédération du Mali – créée le 17 janvier 1959 – composée du Sénégal et de ce qui était alors le Soudan français. Les deux pays avaient initialement l’intention de former une union, mais après d’importantes divergences entre Léopold Sédar Senghor, le président sénégalais de l’Assemblée fédérale, et Modibo Keita, son premier ministre soudanais, les autorités de Dakar se sont retirées de la fédération et ont déclaré l’indépendance le 20 août. Les autorités de Bamako leur emboîtent le pas un mois plus tard.

Rosemary Anieze, portant l
Rosemary Anieze, portant l’écharpe de « Miss Indépendance », est populaire alors qu’elle défile à l’extérieur du stade national de Lagos, le 28 septembre 1960, après avoir remporté le titre face à 15 autres candidates au Nigeria. © AP Photo

Nigeria – 1er octobre. Divisé en une fédération de trois régions – Nord, Est et Ouest – par la Constitution de Lyttleton de 1954, le Nigeria, avec ses 34 millions d’habitants, était déjà considéré comme le géant du continent africain. Dès la déclaration d’indépendance, le 1er octobre, l’ancienne colonie britannique a dû faire face à ses profondes divisions ethniques et religieuses, qui sont rapidement devenues la cause d’une instabilité politique.

Mauritanie – 28 novembre. La Mauritanie proclame son indépendance malgré l’opposition du Maroc et de la Ligue arabe. La constitution du pays, établie en 1964, met en place un régime présidentiel dont le Premier ministre Ould Daddah devient président. Il reste au pouvoir jusqu’en 1978.

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