Le feu grégeois : l’Empire byzantins Secret Weapon of Mass Destruction

Le feu grégeois était une superarme antique conçue, et utilisée avec beaucoup d’efficacité, par l’Empire byzantin. Sa recette exacte était un secret jalousement gardé, aujourd’hui perdu à travers les âges.

Le feu grégeois allait devenir l’arme la plus puissante de la chrétienté pendant plus de 700 ans. Cela permettrait, en grande partie, aux Byzantins et à Constantinople de résister à ses nombreux ennemis aussi longtemps.

Le feu grégeois est devenu si important pour les Byzantins que l’empereur Romanos II (qui a régné entre 959 et 963 après JC) a déclaré que trois choses ne devaient jamais parvenir aux mains de l’ennemi. Ces choses étant les regalia impériales byzantines, toute princesse royale, et le feu grégeois.

Bien que les armes incendiaires ne soient pas nouvelles à la guerre, par exemple les flèches enflammées et les pots à feu, etc, il est clair que le feu grégeois était quelque chose de très spécial en effet. Dans l’article suivant, nous allons explorer ce qu’il était et comment il était utilisé plus spéculer sur sa recette exacte.

Qu’est-ce que le feu grégeois ?

Le feu grégeois était une arme incendiaire développée et utilisée par l’Empire byzantin sur terre et en mer. Les récits de l’époque, ainsi que les images contemporaines, indiquent qu’elle aurait eu un effet similaire au napalm des temps modernes.

Le véritable feu grégeois ne doit pas être confondu avec ce que les croisés appelaient le feu grégeois. Ce dernier était un mélange de salpêtre et de térébenthine, mais le véritable feu grégeois était une substance bien plus puissante en effet.

Les sources historiques indiquent qu’il a été initialement conçu sous le règne de Constantin IV Pogantus (668-685). Un réfugié syrien parlant grec, Callinicus d’Héliopolis, aurait affiné la recette vers 678 après JC.

Grencs grenades à pot d’argile à feu, La Canée, Xe au XIIe siècle. Source : Badseed/Wikimedia Commons

Les récits de l’époque racontent que le feu grégeois prenait spontanément feu et ne pouvait être éteint avec de l’eau. Au contraire, il semblait brûler vigoureusement au contact de l’eau et collait à tout ce avec quoi il entrait en contact.

Si cela était vrai, cela en aurait fait une arme navale très puissante en effet.

La concoction incendiaire pouvait être déployée selon diverses méthodes. Elle était soit jetée dans des pots, soit déchargée par des tubes siphonnés portatifs ou montés sur des navires. Dans le cas de ces derniers, elle peut être, ostensiblement, considérée comme similaire à un lance-flammes moderne.

Il est intéressant de noter qu’elle semble pouvoir être contrée, du moins en partie. Des récits arabes de l’époque racontent que le liquide collant n’adhérait pas aux tissus lourds ou au cuir qui avaient été trempés dans du vinaigre.

Gravure Victoria d’une catapulte/trébuchet à feu grec du 13e siècle. Source : Chowbok/Wikimedia Commons

Le feu grégeois : la formule secrète de Callinicus

Il est largement admis que le feu grégeois a été développé par un chrétien grec, Kallinikos (alias Callinicus) d’Héliopolis. Il s’était échappé à Constantinople de la Syrie tenue par les musulmans vers 668 ap. J.-C.

Cependant, on sait qu’une substance similaire existait bien avant Callinicus. Le royaume de Pontus a utilisé un mélange similaire contre les Romains lors des guerres mithridatiques au 1er siècle avant Jésus-Christ. Callinicus s’en est probablement servi comme base du feu grégeois, mais l’a rendu beaucoup plus puissant et plus facile à utiliser.

Bien que la recette exacte était un secret étroitement gardé le pétrole léger ou naphte sont connus pour être l’un des principaux ingrédients. Celui-ci provenait probablement de Crimée.

On a émis l’hypothèse que le feu grec était probablement composé d’un mélange de pétrole, de poix, de soufre, de résine de pin ou de cèdre, de chaux et de bitume.

Certains ont même émis l’hypothèse qu’il aurait pu contenir aussi de la poudre à canon ou du « salpêtre fondu » mélangé. L’ajout de soufre pourrait bien avoir donné au mélange le bruit de grondement pour lequel le feu grégeois aurait été noté.

Le processus de fabrication du liquide devait en effet être très dangereux. Surtout s’il était aussi volatile que les récits contemporains le soulignent.

La distillation du pétrole, si elle était utilisée, aurait également nécessité une technologie très avancée pour l’époque.

Comme la formule n’a été transmise que d’empereur en empereur, on ne sait pas grand-chose d’autre sur le feu grégeois. Cette précaution a eu un tel succès qu’il a été gardé secret pendant plus de 700 ans et a depuis été perdu pour l’histoire.

Malgré cela, certaines recettes partielles ont été retrouvées par des historiens à partir de sources byzantines. Parmi les exemples notables, citons celles de l’Alexiade d’Anna Komnene et du De Ceremoniis Aulae Byzantinae de Constantin VII Porphyrogenitus.

Selon Anna :-

« Ce feu est fait par les arts suivants. Du pin et de certains autres arbres à feuilles persistantes, on recueille de la résine inflammable. Celle-ci est frottée avec du soufre et mise dans des tubes, et est projetée par les hommes qui s’en servent avec un souffle violent et continu. Alors, de cette manière, elle rencontre le feu sur la pointe et attrape la lumière et tombe comme un tourbillon ardent sur le visage des ennemis. »

Le feu grégeois était une arme dévastatrice

Le feu grégeois semble avoir été utilisé pour la première fois sous le coup de la colère en 673 après JC, lors du premier siège arabe de Constantinople. Une flotte arabe en raid qui avait l’ambition de mettre à sac Constantinople (l’actuelle Istanbul) a été détruite par des navires grecs armés de leur nouvelle super-arme.

Les navires étaient augmentés de tubes montés sur leurs proues. Sous le commandement de Constantin IV, toute la flotte arabe fut décimée grâce à leur nouvelle invention. L’armée terrestre arabe, désormais privée du soutien de sa flotte, fut contrainte de briser le siège et de battre en retraite.

Le feu grégeois fut ensuite utilisé par un autre empereur byzantin, Léon III L’Isaurien, pour repousser une autre attaque arabe en 717. Il a également été employé par Romanus I Lecapenus contre une flotte russe au Xe siècle.

John Ier Tzimisces a également utilisé le feu grégeois avec beaucoup d’efficacité lors d’une bataille terrestre en 972 AD, lorsqu’il a libéré la ville de Preslav des Russes. Entre 988 et 989 après JC, Basile II a combiné une force de Vikings, la Garde Varangienne, avec la super arme byzantine pour mettre fin à une rébellion menée par Bardas Phokas.

L’arme semble avoir été très meurtrière en effet, notamment lors des batailles maritimes. Pour cette raison, il a été cité par certains historiens que le feu grégeois pourrait bien être la principale raison de la longue survie de l’Empire byzantin.

Pour cette raison, le feu grégeois était un secret d’État étroitement gardé, seules quelques personnes étant au courant de sa composition exacte. Ce secret était si bien gardé que sa composition précise est encore inconnue à ce jour, mais sa réputation est aussi forte qu’il y a plus d’un millénaire.

La question est de savoir si l’on peut se passer de ce secret.

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